Les primes acquises par les assureurs agréés en France ont progressé de 5,3 % – soit plus de 14 milliards d’euros en 2014 – à un rythme légèrement supérieur à celui de 2013, qui était de 4,5 %. Elles s’établissent, toutes activités confondues, à 278,8 milliards d’euros, soit un niveau proche du montant atteint en 2010, selon le rapport annuel de l’ACPR sur les chiffres 2014 de l’activité bancaire et assurantielle. [1]

Cependant, l’émergence de nouvelles  technologies, la transformation des modes de consommation, l’apparition de nouveaux compétiteurs, les nouvelles réglementations poussent les assureurs à revoir leur modèle d’affaires. Pour ce faire, plusieurs leviers sont actionnables.

Faire des fractures digitales une opportunité pour créer de nouveaux modèles d’affaires

Le pouvoir de disruption , assuré par les nouvelles technologies est bien intégré dans l’esprit des assureurs. L’établissement d’un partenariat avec les nouveaux entrants du secteur (Fintech, AssurTech) est donc une étape incontournable si les assureurs veulent avoir une chance de transformer la contrainte concurrentielle en opportunité. Divers sont les avantages issus de ces possibles partenariats. L’enjeu est d’assurer une nouvelle offre coïncidant avec les besoins des individus tout en identifiant les nouveaux risques afin de mieux y répondre.

Malgré la prise de conscience des assureurs à mener à bien cette stratégie, les assureurs semblent encore réfractaires à investir dans ces entreprises à haut potentiel. En effet, seulement 28% des entreprises du secteur ont réalisé des partenariats avec les AssurTech.

Deux importants leviers restent à soulever pour permettre aux assureurs de franchir le pas : la barrière de la sécurité informatique et la culture de l’innovation. Afin d’implémenter au mieux ces innovations, les assurances se doivent d’inculquer une culture d’innovation et de créativité au sein de leur politique managériale. C’est la condition sine qua non afin d’éviter la concurrence des entreprises technologiques et de se placer au cœur de la relation client.

 

Développer de nouveaux produits adaptés aux besoins du futur

Les évolutions technologiques et des usages font naître de nouveaux besoins, et de nouveaux risques à couvrir. A l’instar des constructeurs automobiles ayant créé des voitures autonomes qui vont foncièrement modifier notre façon de percevoir le transport, les assureurs doivent  pour être précurseur de l’évolution de leur secteur et prendre le pas sur les innovations des ruptures émergents (l’IOT, la blockchain, l’intelligence artificielle, etc.). Ces innovations vont créer de nouveaux besoins en matière d’assurance. Par exemple, comment continuer à assurer les usagers des voitures autonomes, qui ne seront plus des conducteurs mais des passagers ? Qui sera le bénéficiaire de l’assurance automobile, l’usager ou l’entreprise à l’origine de la technologie ?

Les technologies se révèlent être une source de croissance conséquente tant sur le plan des nouveaux risques à assumer que sur le plan des nouvelles perspectives qu’elles offrent dans le l’approfondissement de la relation client. L’assurance connectée pourrait rapporter 19 milliards de revenus en prime (hors l’assurance vie) en trois ans.

Transformer l’activité traditionnelle pour se rapprocher de l’activité de conseil

Un autre axe porteur de croissance pour les assureurs est le développement de l’activité de conseil. L’objectif étant de répondre aux besoins toujours plus spécifiques des consommateurs, en accord avec l’évolution de la société et des technologies. Les assureurs doivent désormais se placer comme coach de vie et offrir des services et conseils à forte valeur ajoutées et personnalisés.

Pour répondre à ce besoin, les assureurs  doivent nouer des partenariats avec de multiples prestataires afin d’offrir un panel de services étendu et répondre au mieux aux attentes des entreprises et ménages. Cette stratégie permet aux assureurs de moderniser leur business model pour faire face à la concurrence tout en devenant un partenaire de confiance privilégié. Dans une société où les familles sont souvent dispersées, les assureurs doivent fournir des conseils adaptés à chacun, sur les moyens de réduire les risques et permettre aux personnes vulnérables de s’assurer contre les risques de la vie tout en leur garantissant la meilleure qualité de vie possible.

Au regard des entreprises, les assurances doivent se concentrer sur les risques induits par l’émergence et les opportunités des nouvelles technologies et des différentes innovations. L’objectif étant de les protéger du mieux possible pour leur permettre d’adapter et moderniser leur business model.

A l’heure où la prévention devient une priorité pour tous les acteurs, l’assureur doit se positionner comme un véritable coach de vie. A l’intersection de l’émergence des nouvelles technologies (objets connectés) et du regroupement d’informations, l’assureur doit établir un réel lien de confiance avec ses clients en les accompagnant à chaque étape de leur quotidien. Par exemple, le programme « Territoire et Santé » de Malakoff Médéric prend en compte cette problématique et inclut une diminution de la prime d’assurance pour les entreprises qui font de la prévention auprès de leurs salariés.

[1] Banque de France – ACPR – Rapport annuel de l’ACPR 2014