Le Conseil Américain de Surveillance de la Stabilité Financière (FSOC en version originale) s’est officiellement prononcé jeudi 4 septembre pour une désignation de l’assureur Metlife comme un groupe d’importance systémique. Proposition formellement rejetée par le PDG du groupe « en total désaccord avec cette désignation préliminaire » au prétexte qu’elle « va rendre plus difficile pour les Américains l’achat de produits qui protègent l’avenir financier ». Qu’en est-il réellement ? Petit état des lieux des tenants et aboutissants de cette actualité.

La loi Dodd Frank : une solution miracle pour pallier le risque de faillite ?

Si la pré-nomination aboutit, l’assureur serait le quatrième établissement non bancaire à rejoindre le club très select des groupes systémiques car too big to fail[1]. Cette désignation ne serait pas sans contrainte pour l’assureur qui serait alors soumis aux obligations imposées depuis 2010 par la loi Dodd Frank et ce, au nom de la désormais sacro-sainte stabilité financière. Né en 2010 des méandres de la crise financière, le texte impose aux groupes d’importance systémique, entre autres obligations, de se soumettre à des tests de résistance organisés par la Fed mais aussi à des ratios de capitaux, limitant leurs effets de leviers[2] à 15 fois leurs fonds propres. L’objectif clairement affiché étant de limiter le risque de faillite.

Une décision justifiée ?

Si au regard de ces obligations, on comprend aisément la levée de boucliers au sein de la direction de Metlife, la décision du FSOC est-elle justifiée ? Les chiffres semblent donner raison au FSOC :la Metropolitan Life Insurance Company est une entreprise américaine spécialisée dans l’assurance vie depuis 140 ans et présente dans 50 pays – dont la France – et assurerait quelques 100 millions de personnes. Toutefois, dans un rapport publié le 3 juin dernier, S&P remet en question, ou du moins nuance, le principe même de désignation d’assureur systémique. Selon l’agence de notation «les mérites ne sont pas clairs et pourraient ne pas compenser les coûts induits pour les assureurs et leurs régulateurs ». Si Standard & Poors (S&P) ne remet pas en cause l’importance systémique des assureurs sur le marché financier, notamment du fait de leurs capacités à détenir des actifs jusqu’à maturité et donc à limiter la volatilité du système, elle doute néanmoins du caractère systémique du risque de faillite de ces derniers : « nous jugeons possible de gérer les passifs post-faillite d’un assureur sans perturber le système financier et sans injection d’argent du contribuable ».

La désignation d’assureur systémique : une tendance à laquelle Metlife ne peut échapper ?

Le compte à rebours est lancé : l’entreprise dispose depuis jeudi dernier d’un délai de 30 jours pour contester auprès du conseil cette pré-désignation. Toutefois, à en croire la tendance à l’œuvre, tout laisse à penser que le FSOC confirmera sa nomination, comme il l’a précédemment fait pour AIG, Prudential Finance et la filiale crédit de General Electric.

 
[1] Concept popularisé suite à la crise financière en 2008 pour désigner les institutions financières s dont la faillite aurait des conséquences dramatiques pour l’économie.
[2] L’effet de levier est égal à la différence entre la rentabilité des capitaux propres et la rentabilité économique. Lorsqu’il est positif, le recours à l’endettement permet d’augmenter la rentabilité des capitaux propres. Ce concept ne doit pas pour autant faire oublier le fait que le recours à l’endettement augment systématiquement le risque lié aux capitaux propres.