En France, le nombre d’AssurTechs a été multiplié par cinq en 4 ans, passant de 47 acteurs en 2017 à 224 en 2021. Ces start-ups, spécialistes des technologies innovantes, proposent des solutions digitales sur l’ensemble de la chaine de valeur assurantielle. Leur plus-value : s’adapter aux nouveaux modes de consommation pour une clientèle à la recherche des produits simples, abordables et ultra personnalisés.

Le paysage des AssurTechs se compose en quasi-totalité de fournisseurs de technologies pour les assureurs (50%) et de distributeurs de produits d’assurance (48%). Seules deux start-ups se démarquent en tant qu’assureurs. L’une d’entre elles est Seyna, une AssurTech créée en 2018, devenue un an plus tard la seconde AssurTech agréée par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

Seyna, l’AsssurTech pas comme les autres…

L’agrément d’assurance-dommages de l’ACPR attribue à Seyna le statut de compagnie d’assurance à part entière ; un positionnement différenciant au regard de la plupart des AssurTechs puisque Seyna ne représente pas un concurrent direct pour ses dernières. Bien au contraire, la start-up se veut être un partenaire potentiel sur une logique de B2B2C (business to business to consumer). La jeune compagnie d’assurance (business) propose ses produits d’assurance en marque-blanche à son réseau (to business) composé de distributeurs spécialisés et d’AssurTechs courtiers qui, à leur tour, les commercialisent à leurs clients (to consumer). En se positionnant en tant que premier maillon de la chaîne, cette stratégie marketing a la particularité de permettre d’adresser une clientèle finale plus large et de concentrer l’activité au cœur de métier – c’est-à-dire, pour Seyna, la création de produits d’assurance innovants, évolutifs et transparents.

En tant que compagnie d’assurance, Seyna est porteuse de risque. Elle a la charge d’indemniser, en cas de dommages ses assurés. L’enjeu est triple : marquer la différence avec des solutions innovantes dans une logique d’économie de l’usage ; fidéliser et élargir sa clientèle ; et garantir son équilibre financier et la solvabilité de ses produits, en ajustant ses prix.

Pour s’assurer une vaste clientèle finale, Seyna distribue un panel d’offres qui couvrent un spectre large de besoins avec des produits répondant à des usages précis. La start-up dispose d’une gamme de 20 produits (contre 6 à son lancement en novembre 2018), dont une couverture santé animale lancée avec le courtier AssurVeto et une couverture vélo avec la start-up Tulip. Elle propose également des assurances à destination des travailleurs indépendants (protection du matériel), des étudiants (assurance pour les frais de scolarité et la caution locative) et des jeunes (assurance casse d’écran mobile). Ces produits sont construits avec ses partenaires, parmi lesquels le groupe d’assurance Allianz.

… dans les pas des grands

Nativement numérique, Seyna met à la disposition de ses clients-entreprises sa plate-forme d’assurances, en API, de création, de vente de produits et de gestion des contrats. Les API – application programming interface ou interface de programmation, en français – sont des outils de décloisonnement et de digitalisation des offres qui interconnectent les applications ou les systèmes d’information. Les partenaires externes de Seyna peuvent ainsi accéder à l’écosystème de Seyna à faible coût de façon simple.

Par ailleurs, Seyna détient sa propre technologie de création de produits d’assurance et de suivi des risques, appelée « core insurance system », lui permettant de suivre des indicateurs spécifiques (caution, vol, casse, …) d’un nombre illimité de produits, en temps réel, renforçant l’agilité de la start-up. Seyna peut donc ajuster ses primes selon le niveau de sinistralité de l’évènement.

Le modèle de développement de Seyna ressemble de près à celui de son homologue chinois ZhongAn fondé en 2013 et reconnu comme pionnier de l’assurance 100% en ligne. Après cinq années d’existence, cette start-up chinoise commercialisait plus de 200 produits à destination de 500 millions d’assurés et comptabilisait près de 300 partenariats de distribution[1]. Le potentiel du marché chinois est sans contexte plus vaste que le marché français (avec 1,4 milliards d’habitants en Chine contre 67 millions en France). Seyna entend séduire à moyen terme le marché européen en profitant de synergies, des savoir-faire technologiques et d’un marché plus étendu (environ 450 millions) ; pour cela la start-up a déjà récolté un total de 14 millions d’euros[2] via deux levées de fond en 2018 et 2019.

Et après ?

2020 a été une année difficile pour tous les acteurs de l’économie à l’échelle mondiale. Pour les assureurs, la crise sanitaire a servi de révélateur de leur agilité. Avec son excédent d’actifs de 12 millions d’euros et un ratio de solvabilité de 1232%[3], Seyna a su maintenir une position financière confortable. Cependant, l’incertitude autour de la situation sanitaire et économique actuelle limite les possibilités d’expansion, et notamment les ambitions de Seyna de se développer sur le marché européen.

La start-up de 14 salariés a décidé de redéfinir sa roadmap et de se concentrer sur le développement de ses lignes d’activités existantes. Une politique de prudence que d’autres AssurTechs partagent. Seyna souhaite ainsi solidifier ses bases en France avant de se lancer à l’international.

En résumé, Seyna c’est :

  • 20 produits d’assurance simples, innovants et individualisés, à destination de plus de 13000 clients particuliers et professionnels à fin octobre 2020 ;
  • Un réseau en API offrant la possibilité de souscrit directement après l’achat ;
  • Une technologie propre permettant d’ajuster ses prix sur la base « test and learn » ;
  • Un réseau de partenaires composés de sociétés de courtage comme Gras-Savoye, de distributeurs, de réassureurs tels qu’Hannover Re et SCOR, d’AssurTechs et d’investisseurs (GFC, Allianz et Financière Saint James ; et
  • Une stratégie de développement, pour l’instant, tournée sur le national du fait de la crise sanitaire, avec des ambitions européennes et internationales à l’avenir

 

Sources : 

[1] Les Echos, « Opinions | Assureurs, inspirez-vous des pays asiatiques ! », 2020 (https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-assureurs-inspirez-vous-des-pays-asiatiques-1174178

[2] L’observatoire de la Fintech, « L’année de la Fintech », Edition 2019 (https://fintech-metrix.com/wp-content/uploads/2020/10/Observatoire-de-la-fintech-S2-2019.pdf)

[3] Seyna, « Rapport sur la solvabilité et la situation financière » sur l’exercice 2019, 2020