Semaine thématique : la silver économie et l’assurance – article 4/4

Avec le développement des nouvelles technologies, le papy-boom a entrainé avec lui un robot-boom dans l’assistance aux personnes âgées. La robotique est un des secteurs les plus dynamiques de la silver economy.

Alors que les places en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont rares, et ont un coût qui n’est pas accessible pour tout le monde, l’amélioration des conditions du maintien à domicile des personnes dépendantes est devenue un enjeu important pour l’Etat et l’ensemble du secteur.

En quoi la robotique peut-elle permettre de retarder au maximum l’entrée, souvent difficile, des personnes dépendantes en maison de retraite, voire à l’hôpital ?

Ce que les robots assistants font déjà

Même si elle reste en voie de développement, la robotique d’assistance est fortement dominée par les pays asiatiques, le Japon en tête, et permet déjà d’assurer deux fonctions essentielles :

  • L’assistance psychologique et sociale
  • Le support dans la vie du quotidien

Sur la première fonction, le leader du marché est Paro le phoque. Commercialisé depuis 2005 au Japon, cet animal de compagnie mécanique est truffé de technologie : il est capable de détecter la provenance d’un son et surtout d’exprimer des émotions telles que la joie, la surprise ou le mécontentement. Son caractère vivant lui octroie également les avantages reconnus de la zoothérapie en réduisant le niveau de stress. Il a en particulier montré son efficacité sur les personnes atteinte d’Alzheimer en réduisant leur anxiété et agressivité.

La deuxième fonction présente beaucoup plus de candidats. Pour n’en citer que trois :

  • Buddy détecte les chutes et le manque d’activité, et fait également office de téléalarme informant les proches. Par ailleurs, il rappelle et contrôle la prise de médicaments, qu’il est capable de reconnaître, permettant ainsi de s’assurer du bon suivi des traitements.
  • Twendy-One est un robot humanoïde ressemblant à E.T. doté d’une force considérable. Capable de soulever une personne, il est l’allié indispensable des personnes à mobilité réduite. Mais il sait aussi faire dans la finesse : il peut par exemple saisir une tranche de pain et l’émietter ou sortir une bouteille du réfrigérateur.
  • Nao, le plus célèbre, fait l’objet d’un fort intérêt de la part d’AXA qui étudie une solution de télémédecine et de pré-diagnostique avant arrivée des secours en cas de malaise ou de chute.

Même si tous ces robots font déjà beaucoup, ils sont pour la plupart spécialisés et ne couvrent pas en même temps les deux fonctions essentielles.

Ce qu’ils feront demain

Le principal défi pour les robots de demain est de paraître toujours plus vivant. Aujourd’hui les roboticiens s’attèlent à exploiter les nouvelles technologies pour servir cet objectif :

  • L’intelligence artificielle pour que le robot apprenne et s’adapte au mieux aux besoins de son « maître »
  • Le big data (alimenté des réseaux sociaux, du carnet de contact…) pour fournir toujours plus de services tels que le rappel des rendez-vous ou la présentation de la météo
  • La reconnaissance faciale et vocale pour reconnaître les émotions des personnes (ton de voix et expressions du visage) et ainsi permettre au robot d’adapter son attitude à la situation

Le projet le plus prometteur est celui de Roméo, développé par les concepteurs de Nao, qui mobilise 18 partenaires du monde de la recherche et de l’industrie. Mesurant 1m40, il devrait être plus complet que ses prédécesseurs en embarquant ces nouvelles technologies.

Au-delà de leurs fonctions, les robots de demain devront aussi coûter moins cher pour être plus accessibles. Alors que le tarif actuel est supérieur à 3000€, les roboticiens veulent le faire descendre en dessous des 1000€, en s’appuyant en particulier sur l’industrialisation de la conception et de la fabrication.

Quel impact pour les assureurs

Alors que la quasi-totalité des contrats d’assurance comprennent un volet d’assistance et d’aide aux aidants, la robotique offre de nouvelles opportunités aux assureurs. Il ne s’agit pas ici de remplacer l’humain mais d’offrir des services supplémentaires :

  • Présence en continu et soutien moral et physique de la personne dépendante réduisant le risque d’accidents
  • Télémédecine et pré-diagnostique permettant une intervention des secours plus rapide et limitant donc le risque d’aggravation

Dans une logique de prévention des risques, les assureurs sont conscients du très fort potentiel des robots assistants et investissent déjà dans le secteur :

  • AXA cité précédemment avec le robot Nao
  • COVEA étudie le déploiement des robots Kompaï dans des appartements sécurisés
  • AG2R-La Mondiale est un investisseur important du fond Robolution Capital pour développer des robots de services

Pour que leur succès soit assuré, les robots assistants devront être plus vivants et moins coûteux, mais il faudra également que la société apprenne à vivre avec eux comme c’est déjà le cas au Japon. L’Etat à ici son rôle à jouer via la sécurité sociale : en participant au financement de ces robots, il favorisera leur démocratisation et pourrait aussi réduire les dépenses de santé.