Après avoir lancé son offre « Vitality » en Allemagne en juillet 2017, Generali prévoit d’étendre son offre aux marchés français et autrichien début 2017. Développée en partenariat avec l’assureur sud-africain Discovery, cette offre repose sur le concept de pay as you live ou d’assurance au comportement : plus l’assuré a un comportement lui permettant de rester en bonne santé, moins ses primes d’assurance seront élevées. Réservé pour le moment aux entreprises, le programme soulève de nombreuses questions.

 

L’offre Vitality : récompenser les comportements vertueux

run-1290022_960_720Concrètement, comment cette offre d’assurance au comportement fonctionne-t-elle? Sur la base du volontariat, l’assuré remplit un questionnaire afin de définir son âge Vitality. Cet âge, qui diffère de son âge réel, est calculé en fonction de la qualité de son hygiène de vie et correspond à un statut (bronze, argent, or ou platine). L’assuré déclare ensuite au fur et à mesure ses activités sportives, ses visites chez le médecin et accepte de transmettre les données mesurées par son bracelet connecté. Ses bons comportements ont pour effet de diminuer son âge Vitality, d’améliorer son statut et d’obtenir des points qu’il peut transformer en récompense. Le système est basé sur la confiance : c’est à l’assuré de déclarer ses activités et de choisir de connecter, ou non, ses objets à l’application.

En Allemagne, ces récompenses se traduisent soit par des réductions de prime (de 11 à 16%), soit par des bons de réduction chez des partenaires Vitality (sport, nutrition, voyage …). En France, les entreprises clientes de Generali pourront activer l’option Vitality via leur espace employeur. Les salariés auront ensuite la possibilité d’y souscrire et, le cas échéant, seront invités à répondre au questionnaire pour évaluer leur âge Vitality. En termes de récompense, l’offre française présente une différence majeure par rapport à la version allemande. En effet, les assurés français ne bénéficieront pas de réduction tarifaire, la tarification personnalisée n’étant pas autorisée dans le cadre de l’assurance collective. Ils pourront cependant bénéficier d’avantages auprès de partenaires du programme, tels que des réductions sur l’achat d’objets connectés, de produits diététiques ou de fruits et légumes dans le cadre de leurs efforts. Des bons cadeaux et des réductions pour des voyages leur seront également attribués en récompense de leurs efforts.

Les Français sont-ils prêts à partager leurs données ?

Cette offre reposant sur le partage de données de santé, elle suscite une certaine méfiance chez les assurés. Afin de répondre aux inquiétudes liées au traitement des données de santé, Generali a pris les devants en créant une société à part (Generali Vitality GmbH, basée en Allemagne) chargée de traiter les données et de les sécuriser. Generali et les employeurs n’auront ainsi pas accès aux données de santé personnelles des employés et pourront uniquement suivre des indicateurs liés à la participation des employés (taux d’entrée, taux d’engagement et taux de maintien). Si l’employé décide de quitter le programme, ses anciennes données seront anonymisées. De plus, l’assuré peut choisir quelles données il accepte de partager avec le programme, et dispose d’un droit de regard sur les données stockées le concernant.

Si 56% des Français se disent prêts à livrer des informations personnelles à leur assureur pour obtenir un meilleur prix (Source : PwC), combien franchiront réellement le pas ? Les offres de pay how you drive connaissent pour l’instant un succès relatif, alors que les données partagées (liées à la conduite) sont nettement moins sensibles que les données de santé. De plus, ces offres proposées par Allianz et Direct Assurance ont eu l’aval de la CNIL, ce qui n’est pas le cas de l’offre Vitality.

 

Une offre encore limitée mais qui pourrait bouleverser l’assurance

Generali Vitality GmbH étant basée en Allemagne, l’autorisation de la CNIL n’est pas obligatoire pour le lancement de l’offre en France. Cependant, cela pourrait être un frein au développement sur le marché français, le tampon de la CNIL étant un élément rassurant pour les Français. De plus, Marisol Touraine a émis une certaine réticence concernant l’accès aux données de santé, qui devrait selon elle réservé à la recherche médicale. Si son aval n’est pas indispensable, il permettrait toutefois de valider la pertinence d’une telle offre et d’ouvrir la voie à d’autres offres reposant sur le partage de données de santé.

Par ailleurs, le rapport effort – récompense n’est pas encore clair : à combien de points et donc à quelle récompense 1h de course équivaut-elle ? La récompense va-t-elle être suffisamment intéressante pour donner envie aux employés de partager leurs données de santé ? Quelles campagnes de communication seront mises en place dans les entreprises pour les motiver à activer cette option ?

Si, pour l’heure, cette offre est davantage une action marketing qu’une véritable révolution, elle représente tout de même dans l’idée un début de remise en cause de la mutualisation du risque, et peut servir de pilote à une réelle assurance au comportement qui viendrait bouleverser en profondeur l’assurance telle qu’on la connait.