Cet été, l’assureur Malakoff Médéric a lancé son application santé « SOS Urgences » sur l’Apple Watch. Une application qui vise à faciliter la prise en charge des victimes en cas d’urgence, en fournissant aux secouristes des informations de santé (groupe sanguin, traitements en cours, allergie, etc.) et en prévenant les proches des accidentés. Cette initiative s’inscrit dans la tendance de la m-santé, un phénomène en pleine croissance qui attire de nombreux assureurs. 

 

La m-santé : un marché en pleine croissance

Avec l’essor des Smartphones et autres objets connectés on assiste à l’explosion du nombre d’applications santé disponibles sur les différentes plateformes. D’après l’étude de Research2Guidance en 2014, plus de 100 000 applications mobiles dédiées à la santé étaient proposées sur l’App Store et sur le Play Store de Google. Par ailleurs, ces deux géants du digital ont  investi ce créneau en déployant leur propre plateforme santé – Google Fit et AppleHealth.

Il faut dire que le marché de la m-santé est extrêmement porteur. D’après, le cabinet Grand View Research, le marché la m-santé devrait atteindre  49 milliards de dollars en 2020. Un marché qui s’évaluait en 2014  à 4,75 milliards de dollars, soit un taux de croissance annuel de près de 50%. Dans son rapport Disruptive Technologies, le cabinet McKinsey estime que le potentiel économique de l’Internet des objets (IoT) dans le secteur de la santé, se situera entre 1,1 et 2,5 trillons de dollars à horizon 2025.

 

Les trois grands types d’applications qui émergent

Les applications santé peuvent être classifiées en trois catégories :

  • Les applications dites de « suivi » : ces applications sont majoritairement destinées à évaluer la performance des sportifs (ex : runkeeper), à partir des informations récupérées par des capteurs intégrés dans les smartphones ou objets connectés. Elles tendent à devenir des applications de monitoring. Des applications qui aident les individus à gérer et suivre leur état de santé (ex : les applications de monitoring pour les patients atteints de maladies chroniques telles que le diabète). Du côté des assureurs, un leader du marché de l’assurance en France s’est récemment associé au fabriquant d’objets connectés WITHING. L’assureur offre des produits WITHNG aux assurés qui souscrivent à sa complémentaire santé. Au travers cette offre, l’assureur vise à personnaliser ses offres en jouant sur les données clients récoltées par les applications.
  • Les applications dites de « gestion » : ces applications permettent de digitaliser et de simplifier la relation entre les clients et les organismes de santé. Certains hôpitaux ont lancé leur application mobile. Les assureurs restent toutefois les experts sur ce segment. En effet, la mise à disposition d’applications mobiles est un excellent moyen pour améliorer l’expérience client. Elles fournissent des fonctionnalités comme le suivi des remboursements, la géolocalisation des professionnels acceptant le tiers-payant, ou de carnet de santé numérisé. Le site Généralisaiton-2016.fr a établi un panorama des applications mobiles des organismes de complémentaire santé.
  • Les applications dites de « diagnostic » : ces applications ont pour but de permettre aux utilisateurs de s’auto-diagnostiquer (exemple: les applications qui permettent d’identifier les mélanomes). Les résultats des diagnostics de ces applications sont – aujourd’hui – pour la plupart peu fiables, mais l’usage associé ouvre à de nombreuses opportunités pour les assureurs. En effet la détection rapide de certaines maladies permet de raccourcir les temps et les coûts des traitements.

 

Mais ces applications de santé sont-elles bonnes pour la santé ?

Alors que le marché de la m-santé est en pleine expansion, il faut rester vigilant sur la vraie signification du terme  « santé ». En effet, la majorité des applications sont des applications destinées  au « Quantified Self »,  à vocation de permettre aux utilisateurs de se mesurer pour  mieux se connaitre.

Néanmoins, on constate qu’il existe peu d’applications de « suivi » ou de « diagnostic » fiables, qui améliorent significativement la santé des utilisateurs du fait de la persistance de limites technologiques, telles que le  manque de précision des capteurs, sur lesquels reposent ces applications de santé. Les prochaines prouesses  technologiques devront toutefois permettre de perfectionner ces objets et ouvrir aux assureurs de nouvelles perspectives . Il faut donc faire la distinction entre ce qui est de l’ordre du bien-être et de ce qui est considéré comme un dispositif médical. Pour y voir plus clair, le site MyHealthApps.net recense les applications de santé et fourni un descriptif précis de chacune d’entre-elles.

Par ailleurs, les régulateurs s’intéressent de plus en plus au sujet de la m-santé. Pour s’assurer du caractère médical des applications l’ANSM (l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) attribut des labels dispositif médical. De son côté, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) a publié un rapport complet sur la m-santé et leurs impacts sur la vie privée.

Enfin, il semble que la m-santé ait de beaux jours devant elle. Les assureurs se sont déjà positionnés. Aujourd’hui, ces applications créent de la valeur en améliorant la relation client. Demain elles permettront de personnaliser les offres, diminuer les coûts et présenteront certainement bien d’autres opportunités porteuses de croissance pour les assureurs.