Depuis quelques années, l’explosion de la microfinance, et notamment des micro-crédits, permet à des centaines de millions de personnes d’accroitre leur niveau de vie, mais nous pousse aussi à jeter un nouveau regard sur les mécanismes bancaires.

Plus discrète, la micro-assurance suit néanmoins le même chemin et parvient aujourd’hui à couvrir plusieurs millions de personnes. Elle attire maintenant les plus grand acteurs du marché, tels que BNP Paridas Cardiff ou Allianz.

Cette intervention est-elle le fruit d’un engagement citoyen fort, d’un intérêt économique ou d’une simple volonté marketing ? Quels sont les enjeux ? 

La micro-assurance aujourd’hui

La micro-assurance est pensée comme un mécanisme de protection des populations à faibles revenus  et mal desservies par les assureurs commerciaux et les systèmes d’assurance sociale [1]. Son objectif est donc de minimiser les cotisations, tout en maximisant, tant quantitativement que qualitativement, les risques couverts (récolte, santé, habitat, etc.) et les populations cibles.

logo business

Les chiffres concernant la micro-assurance sont rares. Néanmoins, d’après le BIT, 500 millions de personnes dans le monde bénéficiaient d’une micro-assurance en 2011, contre seulement 135 millions en 2009.

Aujourd’hui, de très nombreuses activités sont recensées, mais de natures et de tailles différentes. Ainsi, elles peuvent aussi bien correspondre à une mutuelle villageoise de 40 membres (comme celle nommée Mugrace, dans la commune d’Abobo en Côte d’ Ivoire), qu’à une assurance obligatoire couvrant des milliers de personnes (telles la SEWA et ses 50 000 membres en Inde).

Ce développement rapide attire aujourd’hui des acteurs d’ampleur mondiale : ainsi aujourd’hui 33 des 50 plus grandes entreprise d’assurance proposent des produits de micro-assurance, contre seulement 7 en 2005.

Des acteurs intéressées par des enjeux différents

Cette intervention, qui parait au premier abord unanime, cache en réalité des approches bien différentes selon les acteurs.

Trois types d’initiatives se dessinent, avec des intérêts différents :

  • Se positionner comme un expert du marché  (Pacifica, etc.) :
    Grâce à des partenariats avec des références de la micro-finance (Fondation Grameen par exemple) et de la recherche, l’institution assurantielle se positionne comme un expert du domaine, capable d’anticiper les évolutions à venir et de définir des bonnes pratiques à mettre en place. De plus, de par sa proximité avec les universités, cela peut permettre au groupe de travailler sa « marque Entreprise » et ainsi attirer plus facilement de futurs collaborateurs.
  • S’engager nationalement (Axa, Macif, etc.) :
    En travaillant main dans la main avec l’ADIE [Association pour le Droit à l’Initiative Économique] (ou l’équivalent dans d’autres pays), l’entreprise place certains produits spécifiques à disposition de populations exclus du système classique, mais dans ses marchés habituels. Cela permet à l’entreprise d’assumer pleinement sa Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE), mais aussi d’écouter des populations aux besoins spécifiques, ce qui peut être source d’innovation.
  • Lancer des offres à l’international (Allianz, Axa, etc.) :
    En s’associant avec des assureurs locaux, des ONG ou des réseaux de téléphonie, les assureurs parviennent à développer des produits pensés pour ces marchés très spécifiques avec des coûts de distribution minimisés. L’intérêt peut être économique puisque, par exemple, cette activité a généré 80 millions d’euros de chiffre d’affaire pour Allianz en 2013. L’autre intérêt est stratégique puisqu’il permet de pénétrer des marchés à la réglementation très forte (Inde par exemple), avant d’éventuellement se positionner sur des produits plus traditionnels par la suite.

Cette rapide typologie ne doit néanmoins pas cacher une réalité commune : la micro-assurance est encore aujourd’hui un produit avant-gardiste, dont les modalités et le business model restent à inventer.

Dans cet objectif, l’intervention des grands noms du secteur, avec leurs moyens et leur expérience, est un plus indéniable afin de développer cet outil plein de promesses et d’offrir au plus grand nombre un meilleur cadre de vie.


[1] Définition du BIT (Bureau International du Travail) de 2008