Les Cat’ Nat’* ont animé nombre de conversations lors de la 61ème édition des Rendez-Vous de Septembre, à Monte-Carlo. Depuis 1957, les principaux acteurs du marché mondial de la réassurance, réassureurs, assureurs et courtiers, se réunissent à cette occasion pour débattre des actualités qui intéressent le marché. Selon Denis Kessler, PDG de Scor, ces cat’ nat’ pourraient « secouer le marché » de la réassurance, de même que Torsten Jeworrek, CEO réassurance du numéro 2 mondial Munich Re, affirme « c’est un stress test » pour le marché.

 

UN COUP DUR MAIS « ABSORBABLES PAR LES RÉASSUREURS »

Il apparaît, malgré les apparences, que sur les 10 dernières années le nombre de cat’ nat’ serait en diminution et que leur coût stagnerait. Il n’en reste pas moins que ces événements sont des désastres meurtriers nécessitant une couverture en conséquence. Selon les experts du marché, ces événements sont complexes et incertains. Il est plus difficile aujourd’hui de connaître la répartition des sinistres et donc d’estimer l’étendue des pertes assurés. De premières estimations annoncent une facture pouvant atteindre 25 milliards d’euros de pertes assurées pour l’ouragan Harvey et jusqu’à 54 milliards d’euros pour Irma aux Etats-Unis et dans les Caraïbes.

Globalement, l’ensemble du marché va pouvoir couvrir les pertes explique Alkis Tsimaratos, responsable EMEA de Willis Re, « Harvey est un sinistre complexe mais en termes de pertes assurées, il reste modeste et absorbable par l’industrie de la réassurance. Irma est plus sévère mais c’est un événement modélisable, prévu par la réassurance et absorbable par les fonds propres des réassureurs ». Néanmoins pour certains cela aura un impact fort sur les résultats de 2017. En effet, le marché est fragmenté et les acteurs les moins solides et les moins diversifiés seront moins en mesure d’absorber les chocs successifs de cette année.

 

STABILISATION DES PRIX ET « PROTECTION GAP »

Si les réassureurs souhaitent capitaliser sur ces événements pour faire remonter les prix, en expliquant que le marché est mondial et touche l’ensemble des acteurs, les cédantes – en Europe notamment – ne veulent pas payer plus cher pour des événements survenus outre-Atlantique. Le marché se relance, des demandes ont été faites de la part de cédantes qui doivent reconsidérer leur position compte tenu des sinistres majeurs de 2017. Cependant, selon Swiss Re, une stabilisation des prix est à prévoir pour 2018 – cela dépendra tout de même du montant des pertes assurées impossible à déterminer (avec certitude) pour le moment.

Un véritable enjeu pour les acteurs de l’assurance découle de ces événements. Ces derniers vont devoir faire preuve de créativité pour combler le « protection gap », c’est-à-dire la différence entre les pertes économiques et les pertes assurées. Celui-ci est considérable dans les pays à fort potentiel de croissance comme l’Inde ou la Chine. Mais il reste important dans les marchés considérés matures comme les Etats-Unis, où les risques d’inondation sont sous-assurés, et en Europe, avec par exemple l’Italie où le risque séisme est sous assuré.

 
Ce qu’il faut retenir de ces événements et du message des acteurs de la réassurance c’est que la sous-assurance à l’échelle mondiale est un vrai challenge. Et surtout un potentiel à exploiter pour créer de nouvelles opportunités assurables.

* Cat’ nat’ : Catastrophes Naturelles