Connu aussi bien pour son ancien président Nelson Mandela que pour son sous-sol riche en diamants, l’Afrique du Sud est un pays à deux visages, qui continue de panser les plaies du passé. Partie intégrante des « moteurs » de l’économie africaine, l’Afrique du Sud reste pénalisée par un taux de pauvreté élevé en dépit d’une classe moyenne qui a contribué au développement d’un marché de l’assurance, investi partiellement par les grands assureurs internationaux.

Pour le réguler, le pays s’est doté d’une instance de régulation dédiée et structurée pour encadrer l’activité assurance.

Un pays tout en contraste

Avec un revenu national brut de 7 610 dollars par habitant (méthode Atlas), l’Afrique du Sud fait partie des pays les plus développés du continent. Son PIB croît régulièrement depuis 2010 à un rythme modéré comparé à celui de la Chine, mais toujours supérieur à celui de la France.

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Source : OCDE

En outre, le pays est encore marqué par des inégalités fortes : 2ème pays d’Afrique par le nombre de milliardaires avec 63% des revenus détenus par les 20% les plus élevés, il souffre en parallèle d’un taux de pauvreté non négligeable avec 47% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté.

Où le marché de l’assurance est bien encadré

Créé en 1991 suite aux recommandations du comité Van der Horst, le Financial Service Board a pour mission d’encadrer et de réguler le secteur financier non bancaire en Afrique du Sud.

Il intègre notamment en son sein :

  • un département actuariat qui s’assure de la pertinence des valorisations financières dans le secteur financier non bancaire domestique,
  • un département en charge de développer et mettre en place un nouveau régime de solvabilité aligné avec les standards internationaux,
  • un département dédié à l’assurance.

Ce dernier, organisé en 7 services, couvre un large spectre de domaines : il veille aussi bien au respect des assurés qu’à la bonne gouvernance des groupes d’assurance. Il dispose en outre d’un service spécifique à la micro assurance, le MISD (Micro Insurance Supervision Department), chargé de développer cette activité. En outre, la supervision revêt un caractère crucial, face à un marché de l’assurance où les acteurs régionaux et internationaux ont des positions très distinctes.

Un secteur de l’assurance détenu majoritairement par des acteurs régionaux

Fort de 90% de parts de marché en Vie et 50% en IARD en 2009, le marché de l’assurance de l’Afrique du sud s’impose comme le marché phare du continent africain.

En assurance vie, force est de constater que le marché est en pleine expansion : entre 2007 et 2013, le montant total des primes récoltées a été multiplié par 3, selon une étude publiée par Swiss Re en juin 2013, contrairement à l’Inde dont le marché « stagne » à 11% de croissance.

absateeshirtReprésentés par un syndicat professionnel SAIA, qui mène de nombreuses actions de communication, les assureurs sud-africains sont solidement installés sur le marché national : les 5 premiers d’entre eux (Santam, Hollard, Guardrisk, Outsurance et Old Mutual, fondé en Afrique du Sud, désormais basé en Angleterre) détiennent 46,5% du marché IARD (en primes brutes émises).

Certains ne nous sont d’ailleurs pas totalement inconnus, comme ABSA, sponsor principal de l’équipe nationale de rugby à 15…

Par ailleurs, les services proposés n’ont rien à envier aux marchés des pays développés. Ainsi, Santam propose un service d’alerte orange par SMS, afin que les assurés mettent leur voiture à l’abri.

Les acteurs internationaux davantage tournés vers la réassurance

En raison notamment d’une industrie de l’assurance locale solidement installée, les grands groupes internationaux ne sont pas des acteurs incontournables en Afrique du Sud. Même si les assureurs comme AXA, Allianz, AIG ou Lloyd’s ont leurs adresses au Cap, il n’en demeure pas moins que la part de marché des groupes étrangers est limitée : Zurich, premier assureur non sud-africain ne pèse que 3,9% du marché IARD en 2012.

En matière de réassurance, la tendance s’inverse ; les acteurs mondiaux sont en position de force : 4 d’entre eux trustent 75% du marché IARD alors que le premier réassureur Africain African Re, n’en détient que 1,8%.

Néanmoins, en dépit d’une santé florissante, les compagnies connaissent des baisses de régime, à l’instar de Resolution Life qui a été placé sous tutelle de fin septembre 2012 à novembre 2013 en raison de niveaux de recapitalisation insuffisants.

L’Afrique du sud : un des marchés leaders de la micro assurance

Premier marché africain de la micro assurance avec près de 34 millions de clients, l’Afrique du sud fait preuve de dynamisme dans ce secteur. Des assureurs comme Old Mutual disposent de guichets uniques installés dans des zones rurales et proposent une gamme complète de produits, qui inclut en particulier une garantie obsèques, très utilisée en Afrique.

Hollard adopte quant à lui une stratégie différente qui repose sur 2 canaux. En plus de son réseau de distribution classique baptisé Micro Ensure, il s’appuie également sur celui des magasins de la chaîne PEP pour commercialiser son package micro assurance.

Ce marché local n’est pas sans rappeler ceux d’autres grands pays en pleine transition. Néanmoins, leurs environnements règlementaires et leur niveau de maturité sont-ils aussi avancés ?